Mets lagom.

Ou comment expliquer un mot dont la traduction n'existe dans aucun autre langage, et qui est tellement suédois.

"Combien dois-je en mettre?

- lagom..."

Comprendre: ni trop, ni trop peu, juste ce qu'il faut. Lagom (prononciation approchante à la bien-de-chez-nous : lâgoum) c'est le mot qui décrit la chose comme elle devrait être, avec mesure...

Paraît que ça vient des hordes de vikings qui s'assemblaient jadis pour boire le päroncider de la victoire dans une même coupe, et qui devaient limiter leurs ardeurs afin que celle-ci suffise à faire le tour de la troupe (laget om); et ainsi ne pas avoir à retourner au Systembolaget qui comme chacun sait, ferme beaucoup trop tôt le dimanche.

Accessoirement, il paraît aussi que cette explication est complètement fausse...

Toujours est-il que le vrai alcool de viking, celui qui seul peut désaltérer le vaillant guerrier, bref celui qui fait plus de 3,5°, est uniquement vendu au Systemet, comme on appelle affectueusement ici le monopole d'Etat chargé de la vente des vins et spiritueux. Bon, il y a aussi les ferrys et les voyages vers notre chère Europe pour se fournir, mais alors les consignes mangeuses de canettes ne les reprennent pas...

(Juste histoire de remettre les bouchons sur les bouteilles, précisons de suite que nous, valeureux Gaulois, nous en jetons deux fois plus derrière la cravatte que les grands barbares du Nord... 12 litres contre 6 d'alcool pur par an. Comparés aux Latins, ils sirotent les Scandinaves...)

Et étonnamment, les Suédois ne sont pas du tout "lagom" dans leur relation à l'alcool. La cuite du vendredi et du samedi du soir est quasiment aussi traditionnelle que la confiture d'airelles sur le blodpudding. En particulier à Uppsala.

Mais sur ce point particulier de culture suédoise, je peux vous assurer que certains Gaulois savent très bien s'adapter...